26 septembre 2006

Couvre-chefs

Ah! si j'avais écouté la leçon du guide sur les chapeaux!
Je saurais, d'un seul coup d'oeil identifier l'âge et l'identité marital de chacun des personnages sur la photo!



Mais je n'ai pas écouté la leçon du guide.
J'avais la tête ailleurs; trop occupée sans doute à regarder, observer, repérer... les calottes blanches des Huis, les calottes brodées, toutes différentes ou presque des Ouighurs, la casquette chinoise et l'autre, pas si chinoise que cela.
Au marché de Kashgar, pas d'homme sans couvre-chef.
Au marché de Kashgar, nul ne va nu-tête ni même tête nue.
Ce serait incongru, mal venu, indécent peut-être.

19 septembre 2006

Pauvres bestiaux


Les voici maintenant sortis de leur incommode véhicule, mais les croyez-vous pour autant en meilleure position ? Quel est le sort qui les attend ?



Les moutons partagent-ils notre inquiétude métaphysique ?
L'homme est-il vraiment "le seul animal qui sait qu'il doit mourir" ?
Ne peut-on voir dans cette photo l'image de la "conditon animale" au fond pas si différente de la nôtre si l'on en croit ... le grand Blaise Pascal ?
Il suffit de remplacer "hommes" par "moutons" et voici ce que cela donne :
"Qu'on s'imagine un grand nombre de ... moutons dans les chaînes, et tous condamnés à mort, dont les uns étant égorgés à la vue des autres, ceux qui restent voient leur propre condition dans celles de leur semblable..."
J'aime bien Blaise Pascal. Il a souvent raison !
Mais pas toujours, et pas sur tous les points...

18 septembre 2006

Kashgar enfin !

Kashgar, grand carrefour des routes de la soie, lieu mythique s'il en est, puisque toutes les caravanes, quelle que soit leur provenance ou leur destination, passaient nécessairement par Kashgar ! Et il n'y a pas un article, pas un livre écrit sur les routes de la soie, pas un film qui n'évoque le marché du dimanche, le grand marché aux bestiaux de Kashgar !
Kashgar, un nom dont on se gargarise, longtemps à l'avance ...
Allions-nous être déçus ?
Et bien non !
Pas du tout !



















Car dès l'aube, convergent vers le fameux marché, véhicules de toutes sortes transportant gens et marchandises de toutes sortes










































en particulier des bestiaux, mais pas forcément dans les meilleures conditions...


15 septembre 2006

Retour au Pakistan

Oui, je sais, cela fait un peu désordre : on passe la frontière, on descend sur Karakul et puis on revient au Pakistan...
Mais je ne pouvais faire l'impasse sur le très beau livre de Géraldine Bénestar et Pierre Neyret, publié par Transboréal en 2005 : Hautes Vallées du Pakistan.



Photos superbes et commentaires intelligents, que dire de plus si ce n'est d'aller voir à : www.transboreal.fr/catalogue/visions/pakistan/html
à moins que vous ne préféreriez : www.hautesvalleesdupakistan.com/

14 septembre 2006

Rêves Vs réalité

Du rêve à la réalité, le "R" perd parfois sa majuscule !
Ainsi en va-t-il du lac de Karakul ...

A trop surfer sur le net, on trouve aisément des images comme celle-ci :


A trop lire les livres avant de partir on imagine ... les sommets enneigés se reflètant dans les eaux transparentes du lac, les vertes prairies (ou collines ?) où paissent les troupeaux de yacks (de chameaux?), surveillés par un Tadjik (Khirgiz ? Kazak ?) monté sur son cheval...

Et puis, un jour on se trouve pour de vrai au bord du lac de Karakul (3100m).
La lumière est laiteuse, chargée de poussière en raison du chantier routier qui la veille au soir nous a bloqués pendant 2 heures. Les sommets sont perdus dans la brume; ni yack ni chameau juste une minable haridelle dont Sancho lui-même n'aurait pas voulu mais dont les touristes sont bien obligés de se contenter à moins qu'ils ne préfèrent une monture plus moderne et pétaradante; les prairies sont plus jaunasses que vertes et de toute façon encombrées d'immondices non identifiés.



Bon, il est vrai que l'humeur est grognonne ce matin !
Grognonne parce que que la nuit a été rude, dans la yourte dressée spécialement pour accueillir le touriste avide d'authenticité - précisons que depuis la yourte, la vue du lac était masquée par un chapîteau aux couleurs crillardes abritant ... un Karaoké !
Grognonne parce que le dîner de la veille a été maigrichon et le petit-déjeuner quasi inexistant, que les effluves pestilantielles et méphitiques émanant des toilettes nous ont dissuadés de faire toilette. Un rapide brossage des dents sous un mince filet d'eau, ce sera bien suffisant pour aujourd'hui!
Grognonne parce qu'il faut sans tarder reprendre la route - elle a été coupée la veille et la brèche pourrait s'agrandir; il faut donc tenter de passer avant la mi-journée.
- Un quart d'heure pour les photos, pas plus!
- Et la balade autour du lac ?
- Ce sera pour une autre fois., voilà tout!
Grognonne encore parce que le lac Karakul est tout simplement moche et pas à la hauteur de nos attentes.

Ben oui, c'est ça aussi le voyage! Pas content tous les jours, le touriste, surtout quand il se prend pour un voyageur!



Pas de yack, pas de chameaux, pas de Kirghiz ni de Tadjik. mais vous n'échapperez pas à la yourte ! D'autant plus que celle-ci était une vraie, en feutre; pas en ciment comme celles que l'on fait maintenant pour "sédentariser les nomades" (ou héberger les touristes!) Notez quand même la moto à l'entrée de la yourte...

Et les décorations, parfaitement traditionnelles, elles!





12 septembre 2006

KKH

Et bien, reprenons la route ! puisque l'ordinateur est à nouveau en état de marche (bien qu'il m'ait embrouillé toutes les photos ! )

- Combien de kilomètres entre Islamabad et la frontière chinoise ?
- Beaucoup ! mais de toute façon on ne compte pas en kilomètres, ni en miles d'ailleurs !
- Alors combien d'heures passées sur la route avant d'atteindre le fameux col du Kunjerab ?
- Beaucoup ! Enormément ! Mais cela n'a pas d'importance : on est sur le KKH ! et rouler sur le KKH c'est entrer dans une autre dimension, celle du mythe !
D'abord ce n'estpas une autoroute, ni même une voie expresse; juste une route de montagne, mais pour parler comme les guides : "the highest paved international road in the world."


- KKH ? FWO ? c'est quoi tous ces sigles ?

- Karakorum Highway, ou Karakoram, cela dépend des cartes... et Frontier Work Organisation : l'organisme chargé de la construction et de l'entretien de cette route, et par conséquent de l'accès à la frontière sino-pakistanaise.
Vingt ans pour la construire, près d'un millier de morts parmi les ouvriers du chantier, à qui ce modeste monument est dédié.
Un chantier sans fin : vingt ans pour construire une route que depuis vingt ans les ouvriers ne cessent de remettre en état. Eboulements, glissements de terrain, chutes de pierres ...


... c'est l'Himalaya qu'il faut balayer chaque matin !



Rongée par les torrents en crue, la route s'est effondrée. L'été dans l'Himalaya a été particulièrement chaud, la fonte des glaciers particulièrement importante et la route ... coupée pendant de longues heures. Mais du printemps à l'automne, vaille que vaille, la route reste ouverte et permet de circuler dans des paysages invraissemblables. Univers essentiellement minéral, avec, ici et là quelques poches de verdure. Le regard se perd vers les hauts sommets noyés dans la brume, ou se glisse dans de profondesd vallées traversées par des torrents tumultueux ... Non, pas plus d'adjectifs : ces paysages ne se racontent pas, et l'oeil s'effare à trop les contempler.

En revanche, jeter un coup d'oeil à la carte permet d'imaginer le tracé de cette route, entre trois gigantesques massifs : Himalaya, Karakorum et Hindu Kush, au confluent de deux rivières : Indus et Gilgit.


Quant au Kunjerab, il est bien moins impressionnant qu'on pourrait le croire ... pas franchement spectaculaire malgré ses 4658 mètres, juste un col comme beaucoup d'autres.
- Décevant ?
- Non, pas du tout ! Et puis, de l'autre côté il y a la Chine ...

Photo prise le 4 août à 13h22 (heure locale)

07 septembre 2006

Littérature pakistanaise

Pas de photos aujourd'hui mais un peu de lecture ... pour changer?

Je ne connais pas la littérature pakistanaise, pas encore du moins car je m'applique à combler cette lacune. Bien sûr il y a Hanif Kureishi mais ses romans sont essentiellement centrés sur les difficultés d'intégration et d'acculturation des Anglo-Pakistanais. Il y a aussi, il est vrai Salman Rushdie ... mais en attendant, je vous propose de découvrir une bande dessinée : La Tentation de Renaud de Heyn publiée en 2005 dans une maison d'édition belge, La Cinquième couche.



Renaud de Heyn est - c'est en tout cas ce que nous apprend la couverture - un habitué du voyage au long cours avec une préférence, semble-t-il pour l'Orient à moins que ce ne soit pour les territoires musulmans : Iran, Yemen, Syrie, Cachemire, Xinjiang, Kurdistan. C'est aussi un spécialiste du dessin puisqu'il a enseigné la bande dessinée à Casablanca.

Ce qui fait l'intérêt de son Carnet de voyage au Pakistan, c'est d'abord le mélange, parfois dans la même page, de techniques graphiques différentes (dessin au trait ou à la craie, aquarelle, calligraphie)entre lesquelles s'insère le texte, sous forme de vignettes comme il se doit dans une bande dessinée mais pas seulement : l'écriture parfois l'emporte sur l'image au point de remplir quasiment la page. On pense au Carnets du Maroc de Delacroix....




Mais l'intérêt de ce carnet de voyage tient aussi à l'expérience rapportée : celle de séjours prolongés au Pakistan qui ont permis à Renaud de Heyn de multiplier les rencontres et d'approfondir sa connaissance du pays et des gens. Soucieux de comprendre ceux qui l'accueillent, Renaud de Heyn observe, interroge inlassablement. Comment peut-on être Persan demandait Montesquieu. Comment peut-on être musulman se demande l'auteur belge, un moment tenté par la conversion.







La lecture des trois volumes de La Tentation est un vrai plaisir, un plaisir intelligent. Mais hélas un peu coûteux !

06 septembre 2006

Pakistan (suite)

Quelques photos de plus pour essayer de traduire des impressions, encore un peu floues, mal définies....



Fascination pour la calligraphie arabe

mais perplexité dès qu'il s'agit de donner un sens à ces scènes de rues, saisies au fil de mes déambulations à Islamabad ou dans la vallée de Hunza


Une petite fille aux grands yeux noirs sous le regard admiratif et de son père, le boutiquier du coin de la rue, marchand d'oignons roses et de riz ?



groupe d'hommes en tenue traditionelle... sont-ils pour autant traditionalistes ? nationalistes ?























une femme dissimulée sous son voile, pour quelle raison ?
dans un village où je n'ai repéré aucune autre présence féminine .....



et pour terminer sur une image tout à fait zen :
le balayeur de la grande mosquée d'Islamabad,
serpillère au bout d'une corde,
geste parfaitement ergonomique,
parfaitement chorégraphique?

05 septembre 2006

Pakistan





Quand on arrive au Pakistan, influencé qu'on le veuille ou non par ce qu'en disent les médias, on se promène dans les rues ...




On regarde, on observe, on photographie ...





on interroge tous ces visages...



















... à la recherche d'un signe, d'une indication, un indice qui pourrait confirmer l'équation attendue : islam = intégrisme = terrorisme ?












Mais non !
Il n'y a que des visages ordinaires, jeunes ou vieux, beaux ou laids, fatigués ...



















... ou resplendisants !


Au Pakistan comme ailleurs, les vérités en noir et blanc sont trop simples pour être justes.





Un monde en couleurs est beaucoup plus difficile à décoder.

Mais c'est justement parce que le monde est en couleurs qu'il est passionnant.









Il y a sans doute des intégristes au Pakistan;
Il n'y a pas que des intégristes.

Bien sûr, je n'ai fait que traverser , en trop peu de temps, une petite partie du Pakistan, entre Islamabad et Sost.
Alors, ce ne sont là qu'impressions de voyage ! Relatives et subjectives, comme il se doit.

04 septembre 2006

Route de la soie (bis)

J'ai oublié de signaler dans mon précédent message le dossier spécial Route de la soie paru dans le n°296 (Septembre 2006) de Grands Reportages.
De quoi, si ce n'était déjà fait, vous donner vraiment envie de partir!

03 septembre 2006

Art on wheels

De quoi s'agit-il ?
Un mural new-yorkais ?
Un buffet russe ? un meuble brésilien ?


Vous n'y êtes pas du tout!
Un premier indice :
Ces lettres arabes...


Deuxième indice :
Un nom de marque, bien connu des spécialistes ...



Et des amoureux des camions...



Vous y êtes :
Un camion pakistanais !
Un des ces extraordinaires camions pakistanais que l'on croise et que l'on double tout au long du Karakorum Highway! Quand je vous disais que les camionneurs d'aujourd'hui étaient les caravaniers d'autrefois!





Et si vous voulez-en savoir plus sur les camions pakistanais, vous trouverez un article intéressant sur la page : www.saudiaramcoworld.com/issue/200502/masterpieces.to.go.the.trucks.of.pakistan.htm

Quant à moi, j'aimerais bien retrouver la trace de ce livre repéré dans la boutique de l'hôtel de Chilas, intitulé Art on wheels et que je n'ai pas acheté pour ne pas alourdir mes bagages. Dommage!

02 septembre 2006

Route de la soie

J'ai beaucoup rêvé de la route de la soie et feuilleté beaucoup de livres.
Et puis j'ai été voir, un peu, un petit bout de cette route mythique.
Au retour j'ai repris mes livres, pour les confronter à mes souvenirs.

Celui qui me semble refléter au plus près la réalité de la route d'aujourd'hui, c'est finalement le dernier paru, le dernier découvert : La Route de la soie en 68 jours qui retrace l'expédition montée au printemps 2005 par Renault Trucks pour convoyer 8 camions de Lyon jusqu'à Pékin.
Les photos sont superbes évidemment (Serge Potier), le texte à la fois bref, concis et enthousiaste (Jean Christophe Nothias). Mais si je préfère ce livre à tous les autres c'est qu'il restitue, mieux que les autres, l'esprit de la route.

La transposition entre hier et aujourd'hui ne demande pas un gros effort d'imagination : il suffit de remplacer les camions par des chameaux et donc de ralentir le rythme haletant de l'expédition pour retrouver caravanes et caravaniers. Le tracé toujours incertain de la route à travers montagnes et déserts, la beauté des paysages parfois troublée par les tempêtes de sable, la neige ou les orages, les bivouacs auprès des camions regroupés pour la nuit, la solidarité entre les membres de l'expédition lorsqu'un véhicule est ensablé, le passage toujours un peu aléatoires des frontières, les retrouvailles éphémères avec la vie urbaine au gré des oasis.... tout y est! J'en suis maintenant certaine, les camionneurs d'aujourd'hui sont les caravaniers d'autrefois.




Potier et Nothias, LA ROUTE DE LA SOIE en 68 jours, Agnès Viénot Editions, 2006


Quelques autres titres quand même pour continuer de rêver :

MA ROUTE DE LA SOIE, photos et textes Sylvie Ligon édité par Petit Futé dans sa collection Les grands voyages (2004). Plus d'images que de texte mais des photos telles qu'on aurait voulu en ramener...
LES ROUTES DE LA SOIE de François Pernot (Editions Artemis, 2001). ) Pour changer des récits de voyage, un ouvrage sérieux, historique et documenté où vous apprendrez tout sur cet extraordinaire réseau de routes entre l'Orient et l'Occident mais aussi sur la soie, sa fabrication, son commerce. Avec, en prime, de belles photos quand même.
ROUTES DE LA SOIE, Sur les traces des caravanes publié au Editions Ouest-France (2004) par Elise, Louis-Marie et Thomas Blanchard est un ouvrage plus modeste mais qui permet de se faire, à peu de frais, une assez bonne idée de ce qui vous attend sur cette route mythique.
Le Guide Olizane ROUTE DE LA SOIE de Judy Bonavia ne traite que de la route entre Xian et Kashgar mais reste indispensable pour s'aventurer du côté du Xinjiang.

Pour faire vraiment sérieux, il faudrait encore citer LA ROUTE DE LA SOIE, Dieux, guerriers et marchands par Luce Boulnois aux éditions Olizane et LA ROUTE DE LA SOIE ou les empires du mirage par Edith et François-Bernard Huyghe mais le sérieux est parfois (légèrement) ennuyeux alors que le petit récit de voyage d'Adriaan van Dis, LA ROUTE DE LA SOIE publié par Actes Sud en 90 (mais le voyage date de 1986!) est drôle, enlevé, irrévérencieux. Cela fait bien trois fois que je le lis et je trouve toujours quelque chose à glaner!