26 mars 2010

Pêle-mêle cinématographique

Le cinéma, une autre façon de voyager ? A n'en pas douter !
C'est ainsi que grâce au cinéma j'ai été récemment en Chine, en Corée, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Afrique .... Bizarrement, quelle que soit la nationalité du réalisateur, 7 titres sur 8 étaient en anglais ! Sauf le film chinois : La Tisseuse.

Quelles leçons tirer de ces voyages cinématographiques ?

La première est sans doute que le monde va mal, très mal. Et même de mal en pis !

Prenez Soul kitchen, un restaurant de Hambourg entre boui-boui et branchitude et son patron un jeune émigré d'origine grecque. Son restaurant est menacé par des projets immobiliers, il n'est pas loin de mettre la clef sous la porte, la femme qu'il aime part s'installer à l'autre bout du monde, son frère à peine sorti de prison le mène tout droit à la faillite et lui-même souffre d'une lombalgie qui l'empêche de vivre.

Prenez A serious man, le film des frères Cohen. Le personnage principal, Larry Gopnik est au début du film, un brillant universitaire, marié, deux enfants. Une caricature à lui tout seul de l'American way of life. Oui mais : son mariage vole en éclat, ses enfants accumulent les bourdes, son frère lui crée des ennuis, ses collègues bloquent sa titularisation, un étudiant le menace d'un procès - ou pire ? - pour refus de corruption (!) et il découvre finalement qu'il est atteint d'un cancer ! Pourquoi le sort s'acharne-t-il sur cet homme sérieux ? Désemparé, Larry consulte les rabbins sans trouver de réponse. Le ciel serait-il définitivement vide ? Non pas : les nuages qui s'accumulent au loin apportent la promesse .... d'une tornade qui se dirige droit vers lui.

Prenez La Tisseuse de Wang Quan'an. L'usine où elle travaille pour un salaire de misère va fermer. Son mari est au chômage. Lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte d'une leucémie et qu'il ne lui reste que très peu de temps à vivre, elle part pour tenter de retrouver le seul homme qu'elle a jamais aimé... mais les histoires d'amour manquées ne se réécrivent pas. La tisseuse retourne dans la noirceur du monde pour y mourir.

Prenez encore White materials. Une guerre civile en Afrique. Un femme, blanche, propriétaire d'une plantation s'obstine, en dépit du danger en dépit de tous les avertissements à rester sur place au moins jusqu'à la récolte de café. Tueries, folies meurtrières, rien ne lui est épargné; rien ne nous est épargné.

A desperate man sitting on a bench. A friend trying to comfort him : "At least, it can't be worse !" ... And sure enough it got worse !
J'ai toujours adoré cette histoire; ce pourrait être du Cioran.

A en croire les cinéastes, le monde est vraiment désespérant. Encore Fatih Akin et les frères Tarentino parviennent-ils à garder un regard ironique sur ce monde absurde. L'humour, comme l'ultime politesse des désespérés ? Ce n'est pas le cas de Claire Denis qui oscille et nous fait osciller entre rage et désespoir. Rage surtout devant l'aveuglement d'une femme qui refuse de voir que le monde a changé; son obstination - qui pourrait être vue comme une forme héroïque de résistance, n'est en fait qu'une névrose obsessionnel. Elle perdra tout, mais peut-être avait elle déjà tout perdu

Dans le genre mère obstinée, il y a aussi celle de Do-joon, enfant attardé de 28 ans, accusé de meurtre dans le film du cinéaste coréen Joon-ho Bong . La mère est prête à tout pour sauver son fils et prouver son innocence. Mother montre l'attachement d'une femme à son enfant dans toute sa profondeur et jusque dans ses excès, jusque dans sa folie, jusqu'au meurtre !

A côté de ces films sombres et désespérés, il y a Crazy heart de Scott Cooper, l'histoire d'un vieux chanteur country qui a connu ses heures de gloire mais s'est depuis longtemps perdu dans l'alcool et les femmes (vieux clichés ! ). Le film est l'histoire de sa possible rédemption grâce à l'amouuuuuur d'une jeune femme ! On voudrait y croire, on essaye d'y croire; mais en fin de compte on n'y croit pas du tout.
Quant à Precious, analphabète, obèse, violée, battue, mère d'un enfant trisomique et enceinte pour la deuxième fois à l'âge de 16 ans .... elle porte à elle toute seule, sur ses larges épaules, tout le malheur du monde. Ou tout du moins celui des ghettos afro-américains. Lee Daniels, le réalisateur a beau présenter le parcours de Precious comme une sortie de l'enfer, on a beaucoup de mal à croire qu'avec deux enfants sur les bras, elle marche désormais vers un avenir radieux.

Le dernier film de ma série, The Ghost writer n'est pas du genre non plus à vous mettre le sourire aux lèvres et à chanter sous la pluie. Sans tomber dans la paranoïa, l'hypothèse d'une manipulation par la CIA d'un homme politique anglais est assez plausible. Les clefs fournies par le cinéaste sont très convaincantes, mais du film on retient surtout l'habileté d'un cinéaste qui n'a rien oublié de son savoir-faire. Une intrigue complexe, des personnages ambigus, un montage habile, des plans étonnants d'efficacité : la signature d'un grand cinéaste, d'un Polanski à la hauteur de ses meilleurs films : Cul de sac, Rosemary's baby, Le Bal des vampires, Répulsion, Chinatown ....

"J'aime tout ce qui est sombre, je préfère d'ailleurs la nuit au jour. "

J'ai trouvé cette phrase dans un interview de Joon-ho Bong. Pour ma part je préfère avant tout du bon cinéma, et tant pis si les films sont sombres, très sombres. Car plus les film sont noirs, plus ma vie me paraît rose. Et tant qu'à faire, je n'aimerais pas que ce soit l'inverse.

21 mars 2010

Elle semelle de quoi Carmen

Cinq danseurs hiphop et l'opéra de Bizet : la rencontre est détonnante et surtout jubilatoire !

La musique de Carmen, par bribes et morceaux, mais identifiable aux premiers accords.
Du rouge et du noir, exclusivement, en dehors des baskets blancs !
Quatre garçons et une fille, bourrés d'énergie et de talent.
Une chorégraphie audacieuse, inventive qui mêle les canons de la danse classique (duos, portés, et même pointes ! ) avec les figures du hip-hop. Qui joue avec les clichés de l'opéra autant que de la danse.

"Décalage savoureux, humour décalé, délires chorégraphiques" dit la plaquette. Et pour une fois c'est vrai !

Il y avait longtemps que je ne m'étais autant amusée à un spectacle de danse.
Le nom du chorégraphe ? Denis Plassard
Le nom de sa compagnie ? Propos
Le calendrier ? le voici. N'hésitez pas !

17 mars 2010

Livres et bibliothèques

Les photos ne sont pas terribles j'en conviens mais elles me tiennent à coeur.

La porte de la bibliothèque à droite était ouverte et je n'ai pas résisté : c'est une toute petite bibliothèque située au bord des Backwaters dans le Kerala. Un peu poussiéreuse, un peu encombrée, mais pleine de livres !

Quant à la librairie de Madurai, située juste derrière le temple principal, elle n'est pas difficile à trouver, bien qu'elle ne figure pas dans les guides. Je crois d'ailleurs qu'il s'agit autant d'une maison d'édition que d'une librairie, mais ce qui est étonnant c'est que les livres y sont rangés horizontalement.






En tout cas les étagères étaient remplies du sol au profond et l'espace pour circuler était très limité car dans cet endroit minuscule il y avait trois ou quatre vendeurs et ... presque autant de lecteurs.

J'en suis ressortie avec une carte du Tamil Nadu et un excellent roman d'un auteur indien que je ne connaissais pas.
Traduit en anglais évidemment ! Sinon, comment aurais-je pu le lire ?

16 mars 2010

La danse cosmique de Shiva

Des Shivas, on en voit partout, dans tous les temples et dans tous les musées de l'Inde du Sud.
Mais les Shivas de bronze du musée de Madras m'ont particulièrement intéressée.


Le premier coup d'oeil est décevant : éclairage exécrable, reflets parasites dans les vitrines, poussière partout .... mais ce Shiva à quatre bras, en équilibre sur un pied est décidément très intriguant.

Et les explications qui en sont données m'ont fascinée comme me fascinent toutes les explications cosmologiques.






Dans la mythologie hindoue , Shiva est le principe à la fois créateur et destructeur, ce qui, d'une certaine façon, assure la pérennité de l'univers . Premier point positif.
Shiva danse et en dansant il anime toutes choses dans l'univers. Lucrèce imaginait la chute des atomes et leurs rencontres fortuites, mais n'avait pas pensé à les faire danser. La danse des atomes .... comme les poussières qui dansent dans un rayon de lumière.

Les quatre bras de Shiva prennent possession des quatre directions du monde.

- Dans sa main droite supérieure, il tient un tambourin dont la vibration rythme la création. Ce tambourin a le plus souvent la forme de deux triangles reliés par la pointe ce qui symbolise l'union des principes féminin et masculin. Quelque chose comme l'Eros grec ! l'énergie vitale.
- Dans sa main gauche supérieure, il tient une flamme, supposée éclairer le monde. La lumière de la connaissance je suppose .... A moins que cela ne soit la flamme destructrice ?
- De sa main droite inférieure, poignet relevé, Shiva protège le monde.... bien que ce serpent enroulé autour de son bras soit, à mes yeux, de bien mauvais augure. A moins que Shiva n'ait réussi à immobiliser le reptile.
- La main gauche inférieure, paume dirigée vers le bas est un geste de bénédiction, geste que réïtère l'éléphant qui, à l'entrée des temples, pose sa trompe sur la tête des croyants ?

De son pied droit, Shiva immobilise le nain Mulayaka, symbole de l'ignorance ou dans d'autres versions, symbole des passions humaines dont le déchaînement pourrait perturber l'équilibre du monde. Equilibre habilement signifié par la jambe gauche levée et pliée comme pour amorcer - ou achever - une pirouette. Shiva tourne sur lui-même et la ceinture qu'il porte autour de la taille (image du haut) tourne avec lui.

Les cheveux, étalés de part et d'autre de la tête représentent les eaux du Gange, dont les flots ont été apaisés. Reste le cercle de feu où se consument les passions.

Il y a, j'en suis certaine, bien d'autres façon d'interpréter cette gestuelle "divine", mais c'est celle que j'ai retenue; elle me plaît parce qu'elle semble réussir l'alliance des contraires, le rythme, le mouvement, l'énergie et l'équilibre, la stabilité, la sérénité.

Je n'aime pas les religions, mais j'aime bien les cosmologies.

15 mars 2010

Kolams


Elles étaient deux dans le temple de Chidambaram. L'une traçait le dessin à la craie, l'autre avec un pinceau et de la peinture blanche repassait soigneusement sur les lignes.



















Un autre jour, dans une rue de Pondichery, une jeune femme, dessinait un étrange motif devant sa porte avec de la farine de riz.


Les kolams sont des dessins éphémères exécutés exclusivement par les femmes qui se transmettent les modèles de mère en fille. Ils peuvent être tracés devant une divinité mais le plus souvent ils ornent le seuil d'une maison. Outre leur fonction décorative, ils sont censés appeler la protection de la déesse Lakshmî et attirer ainsi chance et prospérité sur la maisonnée.

Mais l'explication que je préfère, c'est celle que m'a donnée Léo : ces dessins servent à "chasser les cauchemars de la tête !"

Les motifs des Kolams sont innombrables : il y en a de très simples, il y en a de très compliqués; certains sont blancs, d'autres colorés. Et si vous voulez en savoir beaucoup plus vous pouvez toujours aller voir ici ou là. Là, en particulier, vous trouverez de savantes explications sur les kolams et en prime toute une série de photos sur les rues et les maisons de Pondichery. Comme si vous y étiez !

14 mars 2010

Les Pêcheurs du Tamil Nadu

Je vous ai parlé, il y a quelques jours du marché aux poissons de Pondichery . Mais, bien entendu, pas de poissons sans pêcheurs.

Pudukkupam est un petit village comme il en existe sans doute beaucoup d'autres tout le long de la côte de Coromandel.
Les maisons emportées par le Tsunami ont été déplacées un peu plus loin dans les terres et remplacées par des constructions en dur,
Partis de bonne heure en mer, les pêcheurs, reviennent vers la plage en début de matinée .






Il y a bien quelques "grosses " barques, mais la plupart des embarcations sont faites de gros troncs assemblés par des cordages. De loin, on les confondrait presque avec des planches de surf : grande flottabilité mais équilibre précaire. Peut-être passent-elles plus facilement les rouleaux ...


Il s'agit ensuite de remonter plus haut sur le sable, les filets remplis, les moteurs et pour finir les barques elles-mêmes.












Ensuite c'est au tour des femmes de s'activer car c'est à elles que revient la responsabilité de la vente.

Les transactions se font sous l'oeil attentif des corneilles, jamais en reste quand il s'agit de récupérer des miettes.
Les hommes pendant ce temps s'occupent de leurs filets.


Ensuite, et ensuite seulement, ils pourront s'accorder une pause cigarette ...
.

... méditation face à la mer .

13 mars 2010

Pondichery la douceur de vivre

Le rendez-vous indispensable du matin c'est le marché aux poissons, mais celui de l'après-midi c'est... le Café !
Vous ne pouvez-pas le manquer : il est situé au milieu de l'avenue Gaubert, et donne directement sur la mer. Une terrasse ombragée, une brise légère, le café est excellent (un vrai expresso ! ) et surtout, surtout, devant vous, la mer ....
Plus besoin de bouger. Vous êtes bien. Et, pour une fois, c'est le monde qui vient à vous !



Essayez d'imaginer ...











En jaune ou en rouge, les marchands de glaces constituent, c'est évident, des foyers d'attraction... irrésistibles !








Ajoutez le marchand de barba à papa ...

Et la dame qui passe et repasse sans cesse avec sa cuvette sur la tête. Cannes à sucre, bâtons de réglisse ... je ne sais plus, des friandises en tout cas.










Voilà pour les tentations.

Et voici maintenant la véritable raison d'être de ce café !
















Entre amies ...



















En couple, ou en famille...


















Seules parfois ...








Mais jamais pour très longtemps ...



















C'est certain, si jamais, un jour, vous venez vous asseoir au Café de Pondichery, vous trouverez, comme moi, qu'il est vraiment difficile d'en repartir !

De revenir vers les rues européennes où le noir règne en maître.


Heureusement votre oeil aura capté couleurs et mouvements, et, au creux de l'hiver, par temps de gel et de frimas, le souvenir des femmes de Pondichery suffira à illuminer votre journée.

Douceur de vivre. Oui le Café a bien mérité son surnom. N'est-ce pas MC ?

12 mars 2010

Pondichery le marché aux poissons

Le coeur de la ville.

Le rendez-vous indispensable du matin.

Haut en couleurs et forts en parfums.

Le marché aux poissons de Pondichery !

L'arrivée des poissons est discrète et passe quasi inaperçue au milieu des passants : une petite camionnette s'arrête devant l'entrée du marché; une grosse bassine en équilibre sur la tête, une autre coincée sur une hanche ...






Sur les étals des marchandes, car ce sont surtout des femmes qui tiennent le marché, les poissons s'étalent, l'oeil vif et les écailles luisantes.

Les vrais amateurs s'extasient devant la variété des poissons, certains faciles à identifier, d'autres encore inconnus.
Mais j'avoue m'être plus intéressée aux vendeuses qu'aux poissons.

Aux vendeuses ... et aux écailleuses qui à la demande vous prépareront les poissons que vous avez choisis !


11 mars 2010

Pondichery en bleu

Tant de couleurs, juste au coin d'une rue...


10 mars 2010

Pondichery ville multicolore


Ce que j'aime par-dessus tout à Pondichery, c'est une rue ordinaire, ni très belle ni très laide. Un coin de rue où tout d'un coup, comme une volée d'hirondelles, passe un groupe d'écolières à vélo.
Et tout d'un coup la rue s'anime. La rue prend vie.

Un peu plus loin, deux saris rivalisent de couleurs avec les marchandises d'une boutique.

Ce dont je ne me lasse pas, à Pondichery comme ailleurs, c'est de ces scènes de rue, tout à fait ordinaires, et pourtant si différentes à nos yeux d'Occidentaux.


















09 mars 2010

Pondichery ville noire

Les belles villas coloniales, on les trouve surtout entre le canal et le front de mer, dans la ville blanche.
Mais les maisons "créoles" de la ville noire, de l'autre côté du canal, bien que plus modestes, ne manquent pas de charme ! Ni de couleurs !

































Certaines, il est vrai, sont un peu déglinguées.
Mais côté couleurs, regardez ce que cela donne !























































C'est gai ! C'est kitsch ! C'est coloré ! C'est beau !


Les habitants de Pondichery continuent de parler de la ville blanche et de la ville noire, autant dire de la ville coloniale et de la ville indienne. Va pour la ville blanche puisque beaucoup de murs sont effectivement blancs. Mais ville noire ? Certainement pas ! Car de l'autre côté du canal, la ville est multicolore ! La vie est multicolore !