24 octobre 2013

A Touch of Sin


Pour avoir déjà vu un certain nombre de films chinois contemporains dont le récent People mountain, people sea et, en particulier,  plusieurs films de Jia Zhang Ke  (Still life), je savais à peu près à quoi m'attendre en allant voir A Touch of Sin : du noir, très noir !  Et c'est effectivement ce que j'ai trouvé. En pire !

A Touch of Sin s'apparente beaucoup plus au film documentaire qu'au film de fiction; c'est un film qui, en quatre volets, fait le point sur l'évolution de la Chine depuis qu'elle a renoncé à l'idéologie communiste pour entrer dans l'ère du capitalisme sauvage.
Sauvage, tout est dit. Tous les personnages du film se comportent effectivement comme des sauvages : ils exploitent, ils tuent, ils violent sans scrupule ni remords, malgré ce que le titre du film peut laisser croire.  Le premier épisode met en scène un ouvrier exaspéré par la corruption et l'exploitation des "migrants", ces travailleurs sans droit. Il réclame justice au nom des idéaux qui ont été autrefois ceux de son pays (l'égalité, le partage des richesses etc... ). Exaspéré de se heurter sans cesse  à des fins de non recevoir quand ce ne sont pas des manoeuvres d'intimidation et des coups, il attrape son fusil et bannière tigrée au poing se charge de rétablir la justice en tuant tous les pourris.
Les épisodes suivants sont tout aussi sanglants; seules changent les motivations (et les circonstances bien sûr!) Tous présentent la violence et le crime comme seules alternatives possibles à l'état de déliquescence morale du pays. Et le cinéaste ne fait rien pour édulcorer son propos ni ses images. Son art n'est pas celui de la litote.  On sort du cinéma avec des éclaboussure de sang sur le visage et sans aucune envie de retourner immédiatement en Chine.


L'effet de sidération passé, reste à s'interroger sur le sens à donner à cette débauche de violence. Car le propos du cinéaste est politique : il ne montre pas la Chine de la croissance à 2 chiffres,  celle des nouveaux milliardaires, des immeubles pharaoniques et des voitures de luxe. Il montre l'autre Chine, la plus misérable, celle qui ne cherche même plus à vivre, juste à survivre.
Le titre du film - si du moins sa traduction est correcte - se réfère peut-être, comme je l'ai lu à un film de sabre sorti en 1969, A Touch of Zen mais, à mon avis  il se réfère plus directement au sens du bien et du mal, car si commettre un meurtre c'est commettre un "péché", acculer quelqu'un au meurtre ou au suicide n'est-ce pas aussi un "péché" ?  Et tant pis pour la terminologie judeo-chrétienne !

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