03 octobre 2013

Jimmy P.

J'ai vu le dernier film de Woody Allen, Blue Jasmine et je me suis ennuyée.
J'ai vu Jimmy P., le film d 'Arnaud Desplechin et je ne me suis pas ennuyée.
Pourtant les deux films sont construits sur des dialogues parfaitement écrits.

Mais dans Blue Jasmine les dialogues sont justement trop écrits et les acteurs ont du mal à se les approprier (à l'exception de Cate Blanchett). Du coup ils sont toujours surjoués et j'ai fini par me demander si c'était la faute des acteurs, ou celle ...  du dialoguiste. A moins que ce ne soit la direction d'acteur qui soit problématique. Bref j'avais l'impression d'être au théâtre, où la parole est toujours survalorisée par rapport à l'image. Mais j'étais au cinéma ....

Dans Jimmy P. la parole est tout aussi importante puisqu'il s'agit de la psychothérapie d'un Indien des Plaines. Mais là, le dialogue a l'air de s'inventer au fur et à mesure, comme il se doit dans une telle situation. Que la parole soit celle de l'Indien ou celle du psy, à tel point que parfois l'on ne sait plus qui est le "patient" dans l'histoire tant l'échange de paroles entre les deux hommes a l'air bénéfique à l'un et à l'autre. On progresse ainsi dans l'histoire des deux personnages sans jamais savoir à quoi s'attendre exactement. On essaye de deviner, d'anticiper, en vain. Mais du coup, puisque rien n'est prévisible on ne s'ennuie pas, d'autant que le réalisateur varie sans cesse ses angles, ses cadrages donc les points de vue. La cure pyschanalitique filmée par Depleschin est tout, sauf statique. 


Et puis il y a autre chose encore qui différencie les deux films : dans Blue Jasmine, Woody Allen a l'air au mieux condescendant, mais le plus souvent méprisant vis à vis de ses personnages qu'il caricature façon Groseille et Lequesnoy ! Woody Allen, le misanthrope, n'a aucune tendresse pour la race humaine, et l'accable de ses sarcasmes. Alors que l'empathie de Georges Devereux, le psy joué par Mathieu Amalric, pour son patient et pour l'humanité en générale, est patente et n'interdit pas l'ironie. Elle est patente et communicative. Desplechin aime ses personnages et manifeste une certaine tendresse pour la race humaine ou tout du moins une certaine indulgence.

Un dernier point, une virgule plutôt : le film de Woddy Allen se déroule entre New York, les Hamptons et San Francisco . Celui d'Arnaud Depleschin à Topeka (Kansas). Des lieux codés dans les deux cas. En particulier dans ma topographie personnelle.

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