05 octobre 2013

Les Amants du Texas

Voilà un film sur lequel certains feront la fine bouche : une romance à l'eau de rose ! un polar mal ficelé ! 
Et bien non !
Une romance ? Le film de David Lowery raconte bien une histoire d'amour passionnée et tumultueuse parce qu'elle concerne deux individus, pris lors d'un braquage. Lui est en prison; elle élève seule leur petite fille.  Il s'évade impatient de reprendre l'histoire d'amour où il l'avait laissée, mais quatre ans ont passé. Aussi romantiques que soient les histoires d'amour à leurs débuts, elles finissent souvent comme dans la chanson douce-amère de Prévert, car " la vie sépare ceux qui s'aiment tout doucement sans faire de bruit" et parfois plus violemment !
Un polar ? Certainement puisqu'il y a une fusillade pour commencer, des policiers, une évasion etc... Mais c'est au spectateur de reconstituer les événements car le réalisateur en dit le moins possible, il suggère, il laisse entendre, il pratique l'art de l'ellipse et celui des silences.  Ce sont les images qui parlent. David Lowery va à l'essentiel - les relations entre les êtres - et débarrasse son film de tout le superflu. Ainsi, peu importent les conditions du braquage qui tourne mal,  ce qui compte, c'est la séparation des deux amants; et le temps qui change la donne.


Reste que ce film est parfaitement situé dans son environnement rural, une petite ville où tout le monde se connaît. Et c'est là l'argument supposé imparable des détracteurs du film. En effet pour quelques photos bien léchées, quelques effets de lumière sur les herbes d'un champ, le jeune réalisateur est aussitôt soupçonné de faire du Terence Malik. En moins bien évidemment !
Mais pourquoi faut-il toujours que l'on compare ceux qui en sont à leurs premiers essais, avec ceux qui ont déjà toute une oeuvre derrière eux. Si Les Amants du Texas était un livre, c'est Faulkner qu'on dégainerait ! comme on le fait régulièrement pour tout jeune écrivain qui s'essaye à parler du Mississippi ou de n'importe quel Etat du Sud.
Et bien non, David Lowery ne fait ni du Malik, ni du Arthur Penn, ni du Faulkner. Il fait du David Lowery et c'est déjà pas mal !

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