26 décembre 2013

Le Géant égoïste

Le Géant égoïste est peut-être un "conte" d'Oscar Wilde.  Mais le film qu'en a tiré Clio Barnard n'a rien de ce que l'on attend généralement d'un conte. On le rangerait plutôt du côté des romans réalistes à la Zola, ou du côté des romans noirs. Très noirs !
Mais quel film ! Le décor est celui du Nord de l'Angleterre, ciels plombés sur fond de terrains vagues et de centrales électriques.


Arbor et Swifty ont été renvoyés de l'école, Arbor définitivement, Swifty provisoirement mais il suit son copain dans ses errances désordonnées. Ils n'ont rien trouvé de mieux que de récupérer des cables électriques pour le compte d'un ferrailleur, qui organise à l'occasion des courses de chevaux clandestines.
Inutile d'en dire plus, on sait déjà qu'il n'y aura pas de fée pour modifier la trajectoire de ces deux gamins, livrés à eux-mêmes, qui vont droit à la catastrophe.

Clio Barnard est une jeune réalisatrice qui s'inscrit dans le droit fil de Ken Laoch et du cinéma à dimension sociale. Le monde qu'elle décrit est un monde en pleine déliquescence; la pauvreté quand ce n'est pas la misère est omniprésente; combines et magouilles sont les seuls moyens de survivre dans cette société du chacun pour soi où nul ne peut compter sur personne. Les mères, malgré leurs efforts, sont incapables de maintenir des liens familiaux qui se dissolvent dans l'alcoolisme et la drogue.
Le constat est désespérant. Et le seul élément qui sauve le spectateur du désespoir c'est l'amitié qui unit ces deux garçons, pourtant si dissemblables : l'un, Arbor, est une boule de nerfs, un perpétuel agité toujours à la recherche d'une combine pour gagner 3 sous; alors que Swifty est un gros garçon placide qui trouve auprès des chevaux le réconfort qu'il ne trouve pas dans sa famille.

Je me méfie souvent des films dont les personnages principaux sont des enfants, surtout s'ils sont miséreux car il est trop facile de provoquer chez le spectateur compassion et apitoiement. De toute évidence, ce n'est  pas ce que cherche à obtenir Clio Barnard car le portrait qu'elle fait de ces deux loustics est sans indulgence. Comme est sans indulgence le regard qu'elle porte sur la société. On ne sort donc pas de ce film en larmes. Plutôt en rage !

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