01 novembre 2014

Mange tes morts

Encore un film français à mon programme de ces dernières semaines : Mange tes morts de Jean-Charles Hue. Un film français pourtant sous-titré et les sous-titres sont loin d'être inutiles car le français des gens du voyage n'est pas tout à fait le même que celui de l'Académie !

Dans Mange tes morts, le réalisateur reprend les mêmes personnages (et les mêmes acteurs) que dans la BM du Seigneur sorti en 2010.  Au démarrage du film, on est si brutalement plongé dans la vie des personnages qui appartiennent tous à la communauté des Yeniches qu'on a du mal à croire qu'il s'agit d'une fiction.


Mais l'hypothèse d'un documentaire social ne tient pas dès que revient le frère aîné, libéré au bout de 15 ans d'une peine de prison. D'un seul coup le film s'emballe et ce sont alors les ressorts de la tragédie la plus classique  - un seul jour, un seul lieu, un seul fait accompli...  qui guident le film vers sa fin. Concentré sur 24 heures la folle épopée de ces jeunes gens, souvent filmés à l'intérieur d'une voiture lancée à pleine vitesse, comme si leur vie ne pouvait être vécue qu'à son paroxysme, noue les tripes tant le sentiment d'inéluctable pèse sur le moindre de leurs gestes.
Jean-Charles Hué n'appartient pas à la communauté des Yeniches, mais il les connaît bien; son film ne porte pas de jugement, son film n'explique rien; il se contente de montrer  le jaillissement de la violence, la difficulté pour eux de prendre en compte d'autres règles que celles de leur clan,  la fierté, l'orgueil mais aussi l'affection - un peu rude il est vrai - entre les membres d'une même famille.
On sort de ce film passablement secoué. D'autant que la religion évangéliste présentée en arrière plan apparaît comme le seul recours possible, la seule option offerte à ces jeunes gens pour échapper à la délinquance, à la violence et à la mort. Une conclusion qui ne me réjouit pas.

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