05 septembre 2015

Arles 2015 : Photographes voyageurs (suite)

Je me suis trop attardée dans mon précédent billet sur le Congo et la Corée, pour parler du troisième photographe que je voulais mettre en regard. Voici donc le troisième "regard", celui d'Ambroize Tezenas qui s'est intéressé au développement récent du "tourisme de la désolation".

La fascination pour les ruines est ancienne, mais ce que montre Tezenas c'est l'existence de pratiques touristiques dont la motivation n'est pas toujours évidente. Les visites de certains lieux(Auschwitz, Oradour) ont été institutionnalisées de façon à susciter recueillement et réflexion, d'autres (catastrophes naturelles ou industrielles) ne répondent sans doute qu'au goût morbide du macabre et de la tragédie, la distinction entre l''une et l'autre forme de tourisme étant loin d'être claire.


 Comment des lieux de torture et de mort peuvent-ils devenir objets de beauté ? La recherche d'une esthétique du mal est-elle condamnable ?


Pour avoir visité Detroit, les villes minières abandonnées de l'Atacama et autres friches industrielles, je sais que ces lieux fascinent parce qu'ils témoignent de la vie de ceux qui ont travaillé, aimé, pleuré. Mais cela ne va pas sans un certain malaise, car l'abandon de ces lieux rappelle aussi que leurs habitants ont été victimes d'une catastrophe économique. 
Quand il s'agit de Chacabuco qui a servi de camp d'internement sous Pinochet, ou de Tuol Sleng, le lycée qui a servi de prison et de centre de torture pendant la dictature des Khmers rouges, le malaise est encore plus grand. Insupportable.


Les photos d'Ambroise Tezenas permettent de s'interroger sur la récupération de ces lieux de désolation par le tourisme de masse et surtout sur le comportement des touristes soucieux avant tout de montrer leur présence sur les lieux.

Pour ma part, en regardant la photo des ruines du tremblement de terre du Sichuan, je me souviens des centaines de milliers de victimes, et je m'étonne de la place occupée sur la photo par ...  les deux chats, le roux et le noir.

Et surtout je me réjouis de voir un petit garçon courir de toute la vitesse de ses petites jambes pour faire le tour du mur d'exposition.  Sans se soucier le moins du monde des photos qui l'entourent. Un petit garçon plein de vie, prêt à tous les marathons.



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