28 août 2016

Sieranevada


Depuis quelque temps, le cinéma roumain fait son apparition sur nos écrans et c'est plutôt réjouissant. Cela nous rappelle qu'il peut exister un cinéma sans prétention, sans effets, mais un cinéma qui a quelque chose à dire.

De quoi s'agit-il dans le film de Cristi Puiu, Sieranevada ? Certainement pas de la Sierra Nevada, ni même de l'Espagne ou de montagne. Non. Il s'agit d'un rite funéraire orthodoxe qui se tient 40 jours après la mort du défunt. Celui qui est mort en l'occurrence est le patriarche et toute la famille se réunit autour de la veuve, en attendant le Pope qui doit venir bénir les offrandes qui seront ensuite distribuées aux voisins. C'est en tout cas ce que j'ai cru comprendre.



Plus que le rite funéraire, ce qui importe dans le film c'est la réunion de famille, et les tensions qui existent entre les différents membres, comme dans toute famille, qu'elle soit roumaine ou pas.  Au fur et à mesure qu'apparaissent les divergences, les incompatibilités, on se dit que cette famille est juste le reflet de la société roumaine où s'affrontent encore anciens communistes, croyants traditionnels, jeunesse perdue ....

Filmé dans l'espace exigüe d'un appartement dont les portes ne cessent de s'ouvrir et de se fermer au gré des disputes et des réconciliations, Sieranevada fait parfois penser au nouveau cinéma des années 60. L'impression d'enfermement est forte, puisque faute d'espace, la caméra est toujours au plus près des personnages sans cesse contraints de se déplacer pour laisser passer une autre personne. Peu de séquences en extérieur- et même dehors, l'écran est encombré d'obstacles :  voitures, engins de chantiers etc. Une mise en scène sobre mais efficace pour mettre en valeur le propos du film, c'est ce que l'on peut attendre de mieux du cinéma, non ?
Certes le film est un peu long, un peu lent : on attend le Pope, qui arrive bien sûr en retard,  dans la cuisine tout est prêt mais pas question de commencer le repas avant la bénédiction, on se met à table pour se relever aussitôt, changer de place... on a faim, on s'énerve, le bébé pleure, les portes s'ouvrent, se ferment. Trois, et même quatre générations sous un même toit, ça fait forcément du bouzin.

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