11 janvier 2018

Hillary Jordan, Mississippi

La référence à Faulkner, utilisée par les éditeurs et les critiques dès qu'il s'agit d'un roman sudiste est lassante, parce qu'elle est systématique et pas toujours justifiée.
Dans le cas de Mississippi, le roman d'Hillary Jordan, la référence n'est pas totalement déplacée, surtout si l'on en juge par la scène d'ouverture où sous une pluie battante et la menace d'une inondation, deux frères creusent une tombe pour un père dont on ne sait pas très bien dans quelles conditions il est mort.

Il y a au moins deux façons d'aborder ce roman. Soit comme une saga familiale, celle d'un couple  qui quitte la ville pour s'installer à la campagne : un épanouissement pour le mari, Henry; pas pour sa femme, Laura, qui, en plus de la boue, de la chaleur, et d'un inconfort auquel elle n'est pas habituée, doit subir l'animosité de son beau-père.
L'autre lecture du roman est plus politique puisqu'il s'agit du retour dans la petite communauté du Mississippi de deux soldats revenus du front après la guerre de 40. L'un, le frère d'Henry est blanc, l'autre, le fils des métayers est noir. Le premier perturbe malgré lui l'équilibre familial, le second perturbe la communauté blanche habitué à ce qu'un Noir soit soumis. Or, lorsqu'il était en Europe  Ronsel a appris à relever la tête.

Certes, Mississippi n'est qu'une histoire de racisme ordinaire de plus dans un Etat où le racisme est endémique et où le Ku Klux Klan n'a pas totalement disparu. Ni dans les années 40, ni maintenant.
Mais l'histoire est exemplaire et le récit parfaitement construit avec une montée en tension qui laisse le lecteur sur le flanc.

























Je trouve toujours amusant de comparer les différentes couvertures d'un même livre, en l'occurrence l'édition brochée de la traduction française parue en 2010 et sa version en poche. L'une particulièrement dramatique avec ce chemin boueux et ce ciel chargé, deux éléments conformes à l'histoire.  L'autre plus éthérée, comme si la cueillette du coton était une aventure esthétique ...
Et l'on retrouve le même type de variation dans les couvertures des éditions américaines. 


1 commentaire:

Marie-Claude a dit…

Il m'attends dans ma pal.
Tu me donnes envie de l'en extraire rapidement.
Intéressant, ce point de vue sur les deux couvertures...