03 janvier 2018

Les Bienheureux

L'Iran, le Congo, le Chili  et maintenant l'Algérie ... Voir des films, c'est une façon comme une autre de voyager et d'en apprendre beaucoup sur l'état du monde. Qui ne va pas bien c'est évident, mais est-ce pire aujourd'hui qu'hier ?
Sofia Djama, réalisatrice des Bienheureux, a construit son scenario autour de  personnages qui appartiennent à des générations différentes :  celle qui a connu la guerre civile et celle qui est trop jeune pour se préoccuper du passé. Elle n'oublie pas non plus de choisir ses personnages dans des milieux différents ce qui lui permet de montrer la diversité des réactions vis à vis de la situation actuelle de l'Algérie avec une certaine crédibilité.


Malgré les apparences, la vie n'est facile pour personne. Le médecin qui continue de pratiquer des avortements est toujours à la merci d'une dénonciation. L'universitaire dont l'établissement enchaine grève sur grève a perdu toutes ses illusions et ne ne rêve plus que de quitter l'Algérie, comme l'ont fait ses amies qui ont fui depuis longtemps. Dans ce milieu d'intellectuels qui s'efforcent de vivre avec le désenchantement la parole circule aisément. Mais pour Sahim, le fils étudiant, les mots ne sont d'aucun secours, il est comme la plupart de ses amis, sans projet, sans avenir, sans espoir.
Les "vieux" doivent faire avec leurs déceptions, leurs regrets. Les jeunes se laissent tout simplement glisser vers le vide ou aspirer vers le mysticisme. Il y a pourtant Feriel, une jeune fille rayonnante, qui s'occupe de son père handicapé, une battante qui trace son chemin comme elle le peut.

L'intérêt du film de Sofia Djama tient donc essentiellement au choix de ses personnages et à leur mise en situation. Bien sûr on est en Algérie, où les coupures d'électricité sont fréquentes, où rien ne fonctionne vraiment, où la corruption est la règle; pourtant ce que la réalisatrice dit sur le comportement des personnages vaut pour tout autre pays qui a connu un temps de troubles politiques ou une dictature et qui ne sait plus comment gérer son présent. Mais c'est justement parce qu'il est ancré dans une réalité bien précise que le film touche à l'universel.

Et puis il y a cette ville blanche, magnifiée par la photo, qui donnerait presque envie de partir tout de suite pour en faire la découverte. 


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